Ayant eu à travailler sous surveillance (parentale ou patronale) par le passé, j'ai dû souvent, comme toute personne désirant échapper à l'autorité, élaborer des représentations de travail, des performances où le travail était une mise en scène, dissimulant une autre activité plus intéressante. Les oiseaux que j'ai chargés de réaliser ce travail sur la graisse montrent une attitude un peu différente, plus audacieuse, peut-être.
Ils font semblant de ne pas travailler. Quand je les filme, ils ne se soucient pas du tout de la tâche à accomplir, s'amusent, chantent, etc… Ils préfèrent s'occuper de sculpture quand je ne les regarde pas. Pour être plus précis, quand ma surveillance est plus discrète, quand je ne filme pas.
lundi 17 mars 2008
MUSCULATION/
Les oiseaux préfèrent travailler seuls.
PICORER LES FESSIERS.
MATÉRIEL DE SPORT.

Le marathon de ce matin avait un double but, le baptême (bis) de l'allée de la musculation, quelques gouttes de sueur à répandre sur le goudron par ceux qui ont bien voulu m'accompagner. Cette agitation était également destinée à masquer une autre intervention ; l'installation d'une paire de fessiers — déposés au pied d'un arbre bordant l'allée en question— deux steaks d'axonge farcis de graines variées (assortiment oiseaux).
À présent, la disparition de la paire de sculptures est en route, soit lente, du fait des oiseaux et autres petits animaux (ainsi que je l'avais prévu), soit rapide, du fait d'un employé qui fera son travail (il est interdit de nourrir les oiseaux). Dans les deux cas, cette disparition sera un écho plus ou moins compressé de ce qui se passe chaque jour dans le corps des sportifs, agités en tous sens dans le parc, une disparition plus ou moins rapide, douloureuse, efficace, de la graisse.
DEMAIN. (MARDI 22 JANVIER).
GROUPE DE MUSCULATION.
LE MARATHON EST REPORTÉ.
COUREZ AVEC MOI AMIS, S'IL VOUS PLAIT.
Si la date et l'heure vous conviennent.
PARKISLAND TOUR. Oct/Nov.
Arrivé sur la piste qui fait le tour du lac, vous prenez à droite, à mesure que vous avancez, regardez à gauche jusqu'à ce que la fausse aiguille creuse en faux rochers ne se détache plus sur le pont mais sur le reste de l'île, avec son gazebo en haut à gauche (évitez de regarder le pont, surnommé le petit Verrazano). Continuer tout droit jusqu'à ce que le ginkgo aperçu plus tôt occupe une place satisfaisante dans le paysage (ni trop grand, ni trop petit) avisez un banc sur la droite, asseyez-vous, puis regardez l'île en face, plus particulièrement le petit nuage de vapeur immobile sur la droite… C'est un arbre. Vous vous levez, revenez sur vos pas, évitez une fois encore de regarder le petit Verrazano dont la silhouette débile barre l'aiguille ni creuse ni rocheuse. Regardez plutôt le lac, les nappes de feuilles jaune vif en surface, et les nappes de feuilles glauques, au fond ; les canards blanc-rouille à droite, à gauche. Continuer ainsi jusqu'à l'arbre balancelle, celui sur lequel chaque jeune couple en voyage de noces à Parkisland se fait photographier. S'asseoir, se faire photographier si possible. Vous Continuez en étudiant cette fois les corps plus ou moins athlétiques qui viennent à votre rencontre.
Un peu plus loin, toujours sur la droite, un arbre-tonelle assez discret. Glissez-vous à l'intérieur et envisagez d'y établir une résidence d'été ; excellent point de vue (en septembre) sur la vigne vierge écarlate qui recouvre la falaise en face…
Continuer en regardant cette fois droit devant sans plus vous laisser distraire, jusqu'à ce que vous aperceviez l'entrée de la grotte. À mesure que vous aprochez, vous allez découvrir un petit arbre taillé années 80 (vu les mêmes en plus grand dans « To live and die in L.A. » de W. Freidkin, la scène sur le terrain du pénitencier). Vous faites une halte, vous écoutez la cascade, vous l'apercevez blanche au fond de la grotte, c'est amplement suffisant.
Reprenez votre chemin, levez les yeux vers le ciel, vous voyez une très belle arche qui joint les deux falaises, vous passez en dessous, les yeux toujours sur l'arche de pierre. Vous pouvez maintenant baisser les yeux, le ginkgo de tout à l'heure se profile sur la droite. Vous vous aprochez et sentez, surpris, la forte odeur de vomi mélangé à de la merde, caractéristique du fruit du ginkgo femelle. Le sol est jaune citron, le lac est jaune citron, tout est jaune citron et ça pue terriblement. Vous vous éloignez et apercevez à vingt mêtres de là, un autre ginkgo, énorme, vous êtes prévenu, vous approchez, le sol est vraiment jaune, très très jaune ; derrière, le talus rose de feuilles pourrissantes, en accord avec l'odeur pestilentielle qui ne vous lâche plus.
À regret vous quittez l'endroit, au loin, toujours le petit Verrazano, vous le dépassez et prenez à gauche, direction le tunnel, une brume de pisse tiède vient délicatement humecter vos narines, vous débouchez sur l'allée de la musculation, le tour est fini.
MUSCULATION.
Une série de scuptures représentant (grandeur nature) les muscles principaux du corps humain serait peut-être un bon encouragement pour les pratiquants. Les sculptures seront disséminées le long d'un chemin, que j'ai baptisé « allée de la musculation » (voir photo). Cette allée a pour moi deux avantages, elle est discrête, en dehors du circuit principal et en pente, ce qui oblige la personne qui l'emprunte à ralentir son allure, ou à dépenser un peu plus d'énergie. Les sculptures seront là pour rappeller à chaque sportif (ve) saturé d'endorphines, l'une des raisons de sa présence : les muscles. Réalisées en graisse animale farcie de graines, elles serviront de nourriture aux oiseaux et disparaîtront à mesure que les muscles des sportifs se développent.
